Tuesday, September 30, 2008

C'est fait!

C'est fait!
Irma, 1 an déjà...
C'est fou fou fou...

Voici en exclusivité:
le premier gateau! la première bougie!







































On se faisait une joie de cet anniversaire. On était naturellement bien plus excités qu'Irma... qui a dû trouver tout le monde bien bizarre, aujourd'hui... Elle n'a pas encore trop compris le concept du cadeau. Elle en a déballé deux ce matin au réveil (le tambourin -- merci Helsinki! -- et le téléphone -- merci Favières!)... elle adore. Mais les autres, elle n'y a pas encore touché. Pourtant ils sont bien en évidence, en plein milieu du salon, installés dans son transat, lui-même entouré de ballons. Alors on va attendre...
Le gateau en revanche, elle n'en a fait qu'une bouchée!

Je m'étais promis de raconter la naissance d'Irma. Et tout un tas d'autres choses encore. Avant que les souvenirs se perdent.

Mais les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent...
Ce sera pour une autre fois. Si si!

Monday, September 29, 2008

Un parfait coin de campagne pour...

... Pour quoi, en effet, on se le demande.

Au premier plan: un gun (en plastique, certes); au deuxième: un poteau muni de trois caméras de vidéosurveillance.




















Photo prise ce week-end dans les Laurentides (à environ 1 h 30 au nord de Montréal), en pleine campagne.
Un coin idéal pour faire du canot, se promener dans les bois, chanter le soir autour du feu en buvant des bières... ou pour s'adonner à un sordide petit trafic??????

Mais je suis parano, assurément.
Comme le dit si bien notre amie Clouy, "le monde est fou".

Monday, September 22, 2008

Galerie de portraits

Parce qu'il faut bien rire un peu, voici les photos officielles des trois candidats au poste de premier ministre fédéral -- les élections générales auront lieu le 14 octobre prochain.

Voici pour commencer le très conservateur Stephen Harper. L'actuel premier ministre aime les armes, mais pas la culture.




















Je vous donne maintenant Stéphane Dion, le chef du Parti libéral, que d'aucuns méchamment surnommeront "l'homme au totem souris".




















Enfin, voici Jack Layton, le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), qui représente la "gauche" canadienne. (Dans le contexte nord-américain, la notion de gauche est très relative.)




















C'est sympa, ces photos officielles.
Non?

Celle-là, j'adore:














Michelle Courchesne, ministre québécoise de l'Éducation

Thursday, September 18, 2008

Voir le microbiologiste... et puis vomir

Le vomissement ne serait pas tant lié à la rencontre, qui elle s'est bien passée, qu'à un des points de la discussion: le Dr I. voudrait, eu égard aux symptômes neurologiques que je lui ai décrits, me faire faire une ponction lombaire. Il faudra quelques jours, voire quelques semaines, voire quelques mois, pour que je me fasse à l'idée. Peut-être même que je ne m'y ferai pas. (C'est pas pour rien que j'ai accouché sans péridurale.)

Mais commençons par le commencement.
Si je suis allée chez le microbiologiste ce matin, c'était pour qu'il examine la possibilité que j'aie contracté la maladie de Lyme et, le cas échéant, qu'il m'honore d'un diagnostic officiel.

Mes amis Lymies m'avaient prévenus: "Ne t'attends à rien, il va te rire au nez, il ne regardera même pas tes résultats de test." Eh bien, contre toute attente, le Dr I. m'a prise très au sérieux. Quand je lui ai montré la photo de mon bull's eye rash (érythème migrant considéré comme la signature de la maladie) prise quelques jours après la piqûre, il s'est montré très impressionné. Il considère que tous mes symptômes sont pertinents. Il accepte donc de me traiter, mais me prévient -- Lymies, accrochez-vous! -- que ce traitement pourrait être long, très long même, et que les résultats n'en sont pas garantis.

En ce qui concerne le traitement, donc:
Je suis repartie avec une ordonnance de trois mois de Doxycycline et doit revoir Dr I. dans trois semaines. D'ici là, je serai peut-être accoutumée à l'idée d'une ponction lombaire, qui sait? Car si les résultats de ladite ponction révèlent la présence de lésions, alors stop la Doxy et en avant les antibios en intraveineuse (vomi no 2).


(Je suis aussi passée à la piquouse ce matin: au moins huit tubes de 5 ml remplis de mon sang... Heureusement que pour ça, j'ai arrêté d'être chochotte!)

Mais, et c'est là que je deviens perplexe:
- le Dr I. n'est pas un expert en coinfections. En la matière, il dit: "Un jour à la fois, un symptôme à la fois." En tout état de cause, "babesia, c'est n'est pas possible: vous n'avez pas de fièvre".
- le Dr I. n'a jamais entendu parler de cas de transmission de la maladie de Lyme in utero. Le cas d'Irma ne le préoccupe donc pas.
- le Dr I. pense que le phénomème de herx (retour parfois violent des symptômes en réaction au traitement) est très rare.
- le Dr I. ne se préoccupe pas des interactions antiobios/bouffe, donc pas d'interdits alimentaires... et tant pis pour les infections à levure ("qui se traitent très bien avec des crèmes antifongiques. Je vous en prescris une?").

Parce qu'il faut en finir avec ce bilan qui n'intéressera sans doute que mes coLymies et ma famille:

J'ai eu la très agréable surprise d'être entendue ce qui, dans le cas de la maladie de Lyme au Québec, fait figure de notable exception. Est-ce parce que j'ai écrit un article sur le sujet? Est-ce parce que le système n'est au final pas si pourri que ça? Est-ce parce que le Dr I. est plus ouvert au traitement de la maladie que ses collègues? Allez savoir... Toujours est-il que l'opportunité d'obtenir un traitement gratuitement s'offre à moi... et je serais bien bête de ne pas la saisir.

Comme, enfin, Lyme est une maladie à déclaration obligatoire, je suis fière de pouvoir contribuer au décompte officiel de 2008.

Sunday, September 14, 2008

Lamentable... Vous avez dit lamentable?

Depuis le temps qu'on se tue à répéter que les routes québécoises sont pourries... Nids de poule, chaussée défoncée, morceaux de bitume en balade, échangeurs qui se cassent la gueule: l'Europe de l'Est en Amérique du Nord! (Certains disent que c'est à cause du froid. Mais dès qu'on traverse la frontière de la province, les routes redeviennent parfaites. Ne me dites pas que les hivers sont plus cléments en Ontario...)

Bref, la cause a enfin un porte-parole: Lance Armstrong!
Hier, notre ami coureur a fait un petit tour de vélo de 90 km sur les routes des Laurentides (opération Roulez avec Lance contre le cancer) et il a compris son malheur -- enfin, plutôt le nôtre... Il a profité de la conférence de presse qui a suivi pour dire, cash, au premier ministre que les routes sont dans un état lamentable. Jean Charest a rigolé jaune, il paraît.
Ce matin, Le Journal de Montréal en faisait sa une (voir article ici).

Qu'est-ce qu'on dit?
On dit: "Merci, Lance, merci."



















Octobre 2006: le viaduc de la Concorde, à Laval, se casse la gueule. Cinq morts, six blessés.
Impressive, is it not?

Sunday, September 07, 2008

Étonnant, non?

J'ai voulu m'inscrire au cours de natation avancé (il y a quatre niveaux: débutant, intermédiaire, avancé et expert), mais il n'y avait plus de place.
Alors on m'a collé dans le groupe des experts.

Ceux qui me connaissent s'étonneront avec moi.
Et craindront le pire, qui sait?

Thursday, September 04, 2008

Campagne sédicieuse

J'ai décidé de mener une guerre d'usure contre le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

En tant que bonne citoyenne -- et en tant que Lymie concernée --, j'ai envoyé, par courriel, toute une série de questions sur la façon dont on envisageait le traitement de la maladie de Lyme au Québec.

Ces deux dernières semaines, ce courriel a suivi son cours. J'ai correspondu, il me semble, avec quatre personnes, toutes de services différents. C'est avec le bureau des plaintes de Montréal (WTF???) que je communique en ce moment.

Tout ça pour dire que personne encore n'a répondu à mes questions.

Mais je ne baisse pas les armes.
Prochaine étape: le cabinet du ministre!

Camarades, LUTTONS!
(Et je vous encourage, tous, à ne pas lâcher le bout de gras!)





Pour ceux que ça intéresse, je peux reproduire l'échange de messages.
Il est, ma foi, délicieusement truculent.

Tuesday, September 02, 2008

Perles anonymes

... et grostesquement universitaires.

Du massacre de Polytechnique

"Malheureusement, les tueries qui ont eu lieu ces dernières années au Québec s’insèrent dans une tendance mondiale qui se manifeste depuis les années 1970: il est maintenant coutumier, aux États-Unis et en Europe, pour des déséquilibrés de s’en prendre à des établissements d’enseignement, souvent scolaires. Le dernier massacre de grande envergure en date, Virginia Tech, repousse même un record macabre qui semble stimuler les plus forcénés. Force est d’y voir un symptôme de notre époque. Car chaque époque semble avoir ses folies et ses pathologies caractéristiques. Ainsi, les syncopes coutumières des émotions féminines du temps de Freud n’ont-elles plus cours aujourd’hui. Que faudrait-il tirer comme enseignement du fait que cette folie sanguinaire particulière, visant des enfants et des étudiants, alimentant même une sorte de quête de contre-vedettariat suicidaire, est propre à notre époque ?"

De la difficile relation entre urbanisme et patrimoine

"En proposant l’introduction du concept de paysage, le document de réflexion répond par ailleurs aux demandes maintes fois réitérées au cours des dernières années par plusieurs intervenants et concède en quelque sorte que l’attribution du double statut d’arrondissement historique et naturel au mont Royal aura constitué un pis-aller."

De la stratégie de développement du Saguenay--Lac-Saint-Jean

"Les données du recensement Statistiques Canada de 2006 illustre à cet effet que la tendance négative de l’emploi industriel régional s’accélère très fortement avec la soustraction supplémentaire de 2,440 postes de travail par rapport à 2001, principalement dans les secteurs de l’aluminium, des pâtes et papiers, de la construction et de l’agroalimentaire. En réalité, le contre-cycle économique régional prend actuellement une ampleur dramatique dans une spirale de mal développement qui se poursuit encore actuellement avec d’importantes pertes d’emplois dans le secteur de la forêt. Bien visible sous l’angle du taux de chômage et autres indicateurs, ce drame régional s’avère atténué toutefois par la création d’emplois dans le secteur tertiaire. En déficit de 14% des emplois industriels régionaux entre 1981 et 2006, la stratégie régionale PME n’a à l’évidence pas atteint ses objectifs. Pourquoi ?"

Monday, September 01, 2008

Lyme un jour...

C'est le proverbe du jour: "Lyme un jour, Lyme toujours."
Enfin, espérons que non.
Disons que c'est une maladie au cours suffisamment long pour que je vous en rabatte les oreilles pas une fois, pas deux fois, mais...
Je vous avais prévenus l'autre jour: fallait bien commencer quelque part... et bien voilà, on continue!

On continue avec (voir plus bas) un petit dossier sur Lyme que j'ai écrit pour un magazine d'actualité qui sévit ici au Québec, mais qui, sous sa forme initiale, n'a pas trouvé preneur (il a été remanié, restructuré, remanié encore, raccourci et, enfin, publié... mais il n'est plus ma propriété, je ne peux donc pas partager la version finale avec vous). Pour que mon travail initial ne se perde pas, je vous l'offre.

Bonne lecture, camarades, et GARE AUX TIQUES QUI PIQUENT, PIQUENT, PIQUENT!

Canada, zone à risque ?

Selon un rapport de l’Agence de santé publique du Canada en 2006, « les humains et les animaux domestiques (…) n’ont pas à se rendre dans une région endémique pour contracter la maladie (…) étant donné que les tiques vectrices sont largement répandues à l’échelle nationale. » « Oui, mais dans les zones endémiques, la quantité de tiques est beaucoup plus importante, souligne Nicholas Ogden, chercheur spécialisé dans les infections zoonotiques à l’Agence de santé publique du Canada. Par ailleurs, ce sont souvent les nymphes qui sont à l’origine de la contamination : comme elles sont toutes petites, on ne les repère pas. Or, les tiques qu’ont retrouve au Canada sont généralement des adultes. Elles arrivent ici sur le dos d’animaux migrateurs, en particulier des oiseaux. Comme elles sont plus grosses, on les enlève plus facilement. »

Depuis plusieurs années, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) mène un programme de surveillance des tiques. Les résultats – encore provisoires – de l’enquête montrent que la population de tiques augmente et avec elle, la quantité d’Ixodes scapularis (environ la moitié des tiques), donc de tiques porteuses de la bactérie (10 % des Ixodes scapularis). L'étude met aussi en évidence la présence de tiques à ses trois stades d'évolution (larve, nymphe, adulte), ce qui laisse supposer qu'elles sont en train de se reproduire dans leur environnement. Si les données recueillies cette année sur le terrain confirment ces résultats, alors le Québec pourrait très rapidement devenir une zone endémique. Et ce devrait être le cas.

Selon Alain Villeneuve, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, 2008 pourrait d’ailleurs être un excellent cru : « On a eu beaucoup de neige l’hiver dernier. Les tiques, qui généralement meurent à cause du froid, ont pu survivre en se protégeant sous la couverture neigeuse. » Dans les années à venir, le réchauffement climatique pourrait lui aussi changer la donne. Selon certains modèles, Ixodes scapularis aura, en 2020, établi de nouvelles zones de résidence permanente à des latitudes aussi septentrionales que Québec.

De la tique à l’homme

En l’état actuel des recherches, seule Ixodes scapularis – la tique du chevreuil ou tique à pattes noires – transmettrait la bactérie responsable de la maladie de Lyme en Amérique du Nord. Dans les zones endémiques, on la trouve surtout dans les hautes herbes, dans ou à proximité des forêts de feuillus. Elle est active du printemps à l’automne.
Une tique ne peut transmettre la bactérie qu’à partir du moment où elle-même a été infectée. La contamination a lieu quand la tique prend son repas de sang sur un animal, plus fréquemment un rongeur, lui-même porteur de la bactérie.
Au cours de sa vie (deux ans), la tique se nourrit trois fois : la première pour passer de l’état larvaire à l’état de nymphe (elle mesure alors 1 mm), le deuxième pour passer de l’état de nymphe à l’état adulte (2 à 4 mm) et le troisième, à l’état adulte. La transmission de la bactérie à l’homme ne peut se faire qu’au cours des deuxième et troisième repas.



Crédit photo: The New York Academy of Science

Pour prévenir la maladie de Lyme, il est conseillé de porter des vêtements couvrants et clairs quand on se balade en forêt, de rechercher d’éventuelles piqûres et, le cas échéant, d’enlever la tique avec une pince à épiler. Dans le cadre du programme national de surveillance de la tique, il est recommandé d’envoyer l’insecte pour analyse au laboratoire de santé publique de sa province. Si un érythème et des symptômes grippaux apparaissent dans les jours suivant la piqûre, il est très important de consulter un médecin.

Lyme: la maladie de la controverse



Des centaines de personnes au Québec affirment souffrir de la maladie de Lyme. Impossible, selon les experts, car les risques de se faire piquer par une tique infectée sont « purement théoriques ». Faute de se faire entendre, les malades se font soigner… aux États-Unis


« Lyme? Ce n’est pas cette maladie qui est transmise par les tiques ? » À côté des médiatiques cancer, sida ou virus du Nil, la maladie de Lyme fait pâle figure. Que ce soit auprès du grand public, dans les parcs nationaux ou le secteur forestier, voire même chez certains professionnels de la santé, on n’en a pas, ou peu, entendu parler. « Je ne connais que vaguement cette maladie, admet Dre Nathalie Girouard, médecin de famille à l’hôpital de Verdun. Si j’ai eu des personnes infectées dans mon bureau, je les ai manquées ! »


La maladie de Lyme, Julie Robert, elle, elle la connaît. Par cœur, même. Les symptômes, le diagnostic, le traitement, elle maîtrise. Méthodique, elle classe toute sa documentation dans des cartables couleur lime. « Un clin d’œil », dit-elle. Cette Montréalaise de 40 ans est devenue spécialiste du sujet par la force des choses : « Si un jour tu tombes malade, tu vas devoir te débrouiller tout seul. » Depuis une dizaine d’années, elle est aux prises avec des maux aussi nombreux que bizarres. « Tous les jours, j’ai un nouveau symptôme : arythmie cardiaque, douleurs lancinantes dans les pieds et les mains, engourdissements… Il m’arrive aussi d’avoir des hallucinations gustatives et olfactives ! » Renvoyée d’un spécialiste à un autre, elle s’est fait diagnostiquer tout un tas de choses : burn-out, carence en vitamines, problème de thyroïde… Même la sclérose en plaques a été évoquée. Un jour, en fouillant dans Internet, elle tombe sur la maladie de Lyme. Mais quand elle en parle à ses médecins, ceux-ci la regardent avec des yeux ronds. Jusqu’à ce qu’elle consulte une spécialiste… aux États-Unis.


Selon Suzanne Martineau, ce cas est loin d’être unique. « Depuis que je suis porte-parole de la Fondation canadienne de la maladie de Lyme (CanLyme), mon téléphone n’arrête pas de sonner. C’en est même devenu une job à temps plein. Entre 200 et 300 personnes, dont certaines se trouvent dans un état critique, m’ont contactée ces trois dernières années. Les diagnostics qu’elles reçoivent sont toujours les mêmes : sclérose en plaques, fibromyalgie, syndrome de fatigue chronique, lupus… Mais les traitements ne fonctionnent jamais. »


De 10... à 200 000 nouveaux cas par an


À en croire les statistiques officielles, la maladie de Lyme serait pourtant un oiseau rare. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) compte moins de 10 nouveaux cas par an. « Et après entretien avec ses personnes, on se rend compte qu’elles ont été infectées à l’étranger », précise François Milord, médecin-conseil et membre de l’équipe en charge du programme de surveillance de la tique dans la province (voir encadré). À l’échelle du Canada, on dénombre tout au plus 70 nouveaux cas par an. Autant dire rien si l’on compare avec les statistiques américaines : les Centers for Disease Control (CDC, l’équivalent des départements des maladies infectieuses que l’on trouve dans chaque direction de santé publique) comptent 20 000 nouveaux cas chaque année. Mais la réalité, admettent-ils, serait plus proche des 200 000. La bactérie a été retrouvée dans chacun des 50 états. Et les zones les plus à risque se trouvent… juste de l’autre côté de la frontière canadienne !

« Lyme fait partie des maladies émergentes, et nous devons la prendre très au sérieux, explique Dr Harvey Artsob, directeur du département des maladies zoonotiques au Laboratoire national de microbiologie, à Winnipeg. Jusqu’à cette année, elle n’était à déclaration obligatoire que dans certaines provinces. Nos chiffres sont donc certainement en dessous de la réalité. Cela dit, la situation au Canada n’a rien à voir avec ce qui se passe aux États-Unis. Les foyers endémiques ici sont rares (il y en a quatre : dans le sud de l’Ontario et de la Colombie-Britannique et dans le sud-est du Manitoba et de la Nouvelle-Écosse), alors la possibilité d’être piqué, donc infecté, reste théorique. »


Mais pour Suzanne Marineau, la théorie ne résiste pas à l’épreuve des faits. « Ici, à Québec, les canards se posent dans nos piscines et rapportent des tiques dans nos jardins ! » Les animaux migrateurs, et en particulier les oiseaux, sont en effet des vecteurs de la tique, qui peut ainsi voyager sur des centaines de kilomètres. La biologiste Émilie Robert, elle, s’est fait piquer au parc du Bic par une tique qui avait trouvé refuge sur un porc-épic. « Le microbiologiste qui m’a reçue à l’hôpital de Rimouski m’a expliqué que Lyme, ce n’était qu’en Europe. Il m’a quand même fait faire une prise de sang, mais je n’ai jamais eu les résultats. » Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ? Pas évident…


Pour diagnostiquer la maladie de Lyme, Santé Canada préconise deux méthodes. La première consiste à faire passer des tests sérologiques aux patients. Problème : leur efficacité fait l’objet d’âpres débats au sein de la communauté scientifique. Borrelia burgdorferi, la bactérie responsable de la maladie, ferait mentir les tests, qui peuvent revenir faussement négatifs… ou, plus rarement, faussement positifs. Pour autant, les experts des laboratoires fédéral et provincial considèrent que la technique d’analyse employée au Canada est efficace « à plus de 90 % ». Cependant, quand le leader du NPD, Jack Layton, a demandé à avoir accès aux études sur la fiabilité des tests, on lui a opposé une fin de non-recevoir pour des raisons… de sécurité nationale !

Malgré la controverse autour de leur efficacité, seuls les tests sérologiques sont préconisés dans les zones, comme le Québec, considérées comme non endémiques. Dans les zones endémiques en revanche, Santé Canada recommande aux médecins d’établir leur diagnostic d’abord et avant tout en fonction des symptômes de leur patient.


Sur le papier, cela paraît relativement simple. L’érythème en forme de cible est considéré comme la signature de la maladie. Si, donc, après une piqûre de tique, une personne développe un tel rash accompagné de symptômes grippaux, un simple traitement antibiotique peut suffire. Mais la réalité est plus complexe : des études montrent que plus de la moitié des malades ne présentent aucun de ces symptômes et, parmi eux, nombreux sont ceux qui ne se souviennent même pas d’avoir été piqués. Dans ce cas, pourquoi se seraient-ils rendus chez le médecin ? Asymptomatiques pendant des mois, voire des années, ils deviennent des cas pour la science quand, un jour, la maladie finit par se déclarer. Et on le comprend : comme pour la plupart des maladies infectieuses, il n’y a pas de symptômes spécifiques à la maladie de Lyme, surnommée très justement « la grande imitatrice ». Dr Joseph Burrascano, spécialiste américain de la maladie, en a recensé plus de 70, des problèmes articulaires aux troubles neurologiques en passant par des douleurs migrantes, de l’arythmie cardiaque ou des sautes d’humeur. Pas étonnant que les non-spécialistes y perdent leur latin… et se renvoient l’ascenseur !


« Il n’y a pas de spécialiste de Lyme au Canada, explique Suzanne Marineau. Les infectiologues ici ne veulent pas en entendre parler puisqu’on ne vit pas dans une région endémique. J’ai vu 17 docteurs avant d’en trouver un qui accepte de soigner ma sœur, alors très malade. L’un d’eux m’avait surnommée « la folle du Lyme ». On a fait tous les hôpitaux, tous les médecins… On nous disait que c’était dans notre tête. »


« Une maison en antibiotiques »


« À moins de se sentir vraiment mal, la grande majorité des gens ne perdront pas leur temps à courir d’un spécialiste à l’autre, explique Dre Maureen McShane. Si ça ne vous arrive pas à vous, vous ne pouvez tout simplement pas vous figurer à quel point cette maladie est atroce. J’ai moi-même été infectée après une piqûre à Saint-Donat, dans les Laurentides. Je me suis heurtée à un mur quand j’ai voulu me faire soigner au Canada. Même chose aux États-Unis. Quand enfin j’ai trouvé un spécialiste de la maladie, j’étais déjà dans un piteux état. »


Installée à Montréal, mais pratiquant la médecine de l’autre côté de la frontière, Dre McShane s’est spécialisée dans le traitement de la maladie de Lyme. Elle soigne présentement une cinquantaine de Canadiens. Du Québec, mais aussi de Colombie-Britannique, de Nouvelle-Écosse, de l’Ontario, d’Alberta… Des patients qui, d’après les critères canadiens, n’ont pas la maladie de Lyme. Selon la porte-parole de CanLyme, de 85 à 90 % des malades vont se faire soigner de l’autre côté de la frontière. « On va aux États-Unis, on vide nos poches et, si on ne peut pas payer, on crève. On achète nos médicaments là-bas ou on essaie de se les faire represcrire ici. Mais vous comprenez que c’est un processus délicat. Les médecins qui acceptent de signer nos ordonnances prennent de gros risques, ils ont peur de perdre leur licence. Personne ne vous en parlera, ni les médecins, ni les malades. Pour sauver notre peau, on est obligés d’adopter un profil bas. Moi, je me suis exposée. Résultat : je ne peux plus me faire soigner ici, j’achète mes médicaments aux États-Unis. Ma sœur et moi, on a payé une maison en antibiotiques ! »


« Des médecins qui perdraient leur licence parce qu’ils soignent des malades de Lyme ? J’en tombe estomaqué ! s’exclame Dr Yves Robert, porte-parole du Collège des médecins. Cette maladie est bien documentée et on sait comment la traiter. Mais si un de nos membres décide de changer le protocole de soins sur une base expérimentale, on parle d’autre chose ! Il peut le faire, mais uniquement dans le cadre d’un projet de recherches. »


En matière de protocole, celui suivi au Canada a été rédigé par l’Infectious Diseases Society of America (IDSA), qui préconise une antibiothérapie de quatre à six semaines. Un traitement controversé et considéré comme largement insuffisant par une partie de la communauté scientifique et médicale. Et par les patients eux-mêmes. Qui, selon Suzanne Marineau, « sont prêts à s’humilier pour une semaine de plus d’antiobiotiques. » Pour certains spécialistes, plusieurs années de traitement sont parfois nécessaires pour arriver à éradiquer la bactérie. Voilà une contre-vérité dérangeante pour les compagnies d’assurances… (Les recommandations de l’IDSA ont fait l’objet d’une enquête par le bureau de l’attorney general du Connecticut. Celle-ci a notamment mis en lumière de graves conflits d’intérêts chez plusieurs membres du panel qui a rédigé les recommandations. L’IDSA s’est engagé mettre en place un nouveau panel pour revoir chacune de ces recommandations. En attendant, c’est toujours celles-là qui sont suivies...)


« Lyme est sujette à de nombreuses polémiques, admet Dr Harvey Artsob à l’Agence de santé publique du Canada. Dans ces circonstances, il est très délicat de diffuser un message clair. On doit pouvoir répondre aux questions du grand public et, pour l’instant, on n’en est pas capables. On ne veut pas prendre le risque d’être mal interprétés. » Du côté de Santé Québec, il n’y a pas grand-chose à dire sur cette maladie. Sauf que « des études sont en cours pour évaluer son potentiel d’acquisition. » En attendant les résultats définitifs du programme de surveillance de la tique (voir encadré), que faire : prévenir ou… ne pas guérir ?